Le noir l'entourait de toutes parts, il s'agglutinait autour d'elle et se collait à ses yeux comme une vulgaire barrière... Jamais cette couleur, qui n'en n'est pas une, au tons morbide et froid ne quittera les petites prunelles de ce bébé. Elle ne verra que ceci, jusqu'à la fin de ses jours. Après quelques années de vie dans les bras de son père... Sans comprendre le pourquoi ni le comment, le jeune bambin se retrouva seul... Totalement seul. Son handicape ne l'aidait pas à survivre, mais son caractère d'acier qu'elle avait déjà toute petite l'aidait, simplement. Elle trottinait dans les combles, cherchant des choses comestibles de ses petits doigts, goûtant, même si il s'avérait que ceci pouvait être un insecte. Elle grandissait et savait comment se débrouiller, elle avait quitter le village natal et marchait droit devant, quitte à tomber sur les roches, les branches, glisser dans la boue, dans les ruisseaux où même de faire des petites chutes de quelques mètres... Peu lui importait.

Ce soir là, elle dormait paisiblement, à l'abri d'un cèdre desséché. Comme toujours elle faisait des nuits sans rêve, sans vie... Elle vivait constamment dans ce noir oppressant, celui qu'elle considère de plus en plus comme un ami, son unique ami. Elle a l'impression que ce paysage sombre qui la suit sans cesse, n'est en fait qu'une douce armure qui la protège de la vision réelle du monde... C'est vrai, pourquoi verrait-elle le mal dans la seule chose qu'elle connait de ses yeux? Pendant son sommeil ce noir la guidait... Il la guidait jusqu'à trois visages... Trois visages inconnus, qui s'approchaient, s'approchaient, de plus en plus d'elle, tel des nuages menaçants le ciel. Elle ouvrit grand ses yeux, surprise, apeurée... Elle ne savait pas se que c'était, mais la seule chose que lui disait cette vision était "cours, cours...". Alors sans se poser de questions elle se leva et couru le plus vite qu'elle pût, tombant à chaque fois que ses pieds rencontrait une roche, à chaque fois qu'ils glissaient dans un ruisseau... Elle courrait à en perdre haleine... Cette voix dans sa tête qui lui disait "cours, cours, cours..." se répétait, se faisait de plus en plus forte... Les trois visages apparaissaient sous le cèdre, étant déjà loin de cette arbre qu'elle avait abandonné, elle s'arrêta, tâtant autour d'elle pour savoir où se cacher. Cependant, la voix qui lui ordonnait de s'enfuir se tût, laissant place à celles de ces visages qui hantent son esprit...
«J'étais pourtant sûr(e) d'avoir vu une personne ici...
_Écoutez...»
Un silence fit son entré... Et d'un coup la voix retentit à nouveau "cours, cours"... Alors elle reprit la fuite, même si elle en perdait son souffle.

Malheureusement, un corps ne peut pas tenir éternellement d'un tel effort physique... Elle tomba à terre, sachant que cette menace s'approchait de plus en plus. Elle n'arrivait plus à courir et les trois visages la prirent sans trop d’effort. Transportée pendant des minutes qui lui semblaient des heures, des heures qui lui semblaient des jours, elle était enfin déposée, comme un vulgaire animal dans les troupes des Katharsis. Torturée, comme tous, entrainée de force, elle intégra les rangs des infiltrés. Sa clairvoyance devint rapidement un atout majeur de ces troupes et son visage innocent et son handicape passe très bien auprès des Aegis. Mais les premiers jours dans ce clan n'étaient pas de tout repos... Arrivée là bas, elle ne savait pas qui elle était, on lui donna un nom, une identité factice, qu'elle gardera jusqu'à la fin de ses jours. Les entrainements eux, étaient des simples jeux dont il fallait connaître les règles. Attaquer, se défendre... Rien de très compliqué et malgré son handicape elle sût rapidement maîtriser le sabre. Bien qu'elle ne souhaite que de se défaire des Katharsis et rejoindre le rang des "gentils" elle n'a pas le choix que d’obéir à ces gens... Elle n'aura jamais d'autre choix.