« Je ne me souviens pas du jour de ma naissance. Les humains affirment que ce phénomène est tout à fait normal, puisque la mémoire ne peut conserver des faits aussi lointains. Pourtant, j'aurais aimé connaître la personne qui fut ma génitrice. On ne m'a jamais rien expliqué à son sujet mais j'ai déduit de moi même qu'elle n'était plus de ce monde. J'ai entendu parler de mon père, c'était un humain apparemment très strict et droit d'esprit. Je pense que c'est pour cela qu'il m'a livrée à ce laboratoire une fois qu'il comprit que je n'étais pas humaine. Est-il encore en vie ? Franchement, je n'en ai aucune idée, mais si je venais à le croiser, je pense que je le tuerai. »

« Je me souviens avoir été enfermée entre quatre murs blancs et froids, dans une vaste pièce où l'absence d'objets me faisait me sentir d'autant plus seule. Je n'avais rien pour me réchauffer, car aucune matière ne me permettait de créer de la chaleur à l'aide de mon pouvoir. Le seul moyen pour moi de ne pas mourir de moi était de me caler contre le mur en espérant qu'il se réchauffe. En vain. »

« Lorsque les scientifiques venaient me chercher, ils m'injectaient un produit qui me mettait dans les vapes. Je ne pouvais pas me débattre ni crier. Ils me branchaient à des sortes de câbles et semblaient prendre un véritable plaisir à tester mes réactions à toutes sortes d’expérience. Je me souviens avoir été battue jusqu'au sang, entaillée, droguée. J'ai passé 12 ans enfermée dans ce laboratoire. Ma haine pour les humains s’accroissait d'année en année, sauf pour lui. »

« Lui, c'était cet homme dont je n'ai jamais connu le nom. Il était le seul à ne pas me faire de mal. Tous les jours, cet homme venait discuter avec moi, s'assurant de m'apprendre à lire et m'expliquer comment c'était, à l'extérieur. Un monde qui me semblait utopique, moi qui ne connaissait que ces quatre murs froids et cette salle de torture. Me dire amoureuse serait un peu trop exagéré. Je déteste les humains. Mais avec lui, je me sentais tellement bien, tellement bien que je n'avais pas remarqué que tout n'était qu'illusion, que cet amour n'était que manipulation. »

« Un peu comme si les chaînes qui me retenaient prisonnières s'étaient détruites d'elles même, je parvins à m'enfuir de cet endroit maudit. Lors d'une expérience mal surveillée de ma personne. Déjouer les caméras de surveillance et ouvrir les portes électroniques était un jeu d'enfant, pour moi. J'avais alors 17 ans. Je vis pour la première fois depuis 12 ans, la lumière du soleil, l'herbe, la terre, le monde extérieur. Mais avec la peur constante que l'on me retrouve, que l'on me batte, que l'on me fasse payer pour m'être sauvée. D'un oeil sceptique je regardais mon poignet, là où, quelques années plus tôt, ces scientifiques m'avaient implanté une puce électronique, de quoi pouvoir me localiser et me compter parmi le grand nombre des Aegis. La première chose pour me sentir moins oppressée fut de détruire cette puce, et ce, de mes propres mains, malgré la douleur, malgré la difficulté de la tâche. De Aegis j'étais devenue Katharsis, une fugitive.»

« Les premiers jours à Séoul furent très éprouvant. J'ai du rester cachée et quitter la ville pour me trouver dans un endroit plus calme. J'ai alors remarqué que je n'étais pas la seule mutante en ce monde, que beaucoup de jeunes étaient comme moi. Je me souviens avoir pleuré tellement je ne me sentais plus aussi misérable. Un de mes semblables m'a donc aidé à m'adapter sans même que je n'aie à le supplier. Je ne savais pas que les gens pouvaient être aussi gentils. Grâce à lui, j'ai pu en apprendre beaucoup plus sur ce monde et je me suis très intéressée à la mécanique, sujet assez valorisant pour moi, grâce à mon pouvoir. »

« Trois ans se sont écoulés depuis ma fuite. Je suis une Katharsis Delta. J'ai décidé de vivre comme une louve solitaire, par moi même, maintenant que j'ai appris assez pour pouvoir me débrouiller seule. Le simple fait de me sentir aussi libre me rend si heureuse. Mais lorsque je pense à la présence des humains tout autour de moi, et du fait que je sois constamment en danger, je ne peux que me sentir oppressée. Si seulement...si seulement ils pouvaient tous disparaître. »