La grossesse. Le combat pour la survie mais qui mène à la mort sans échappatoire possible. Ming Yue n’avait pas échappé à cette règle. Pourquoi l’aurait-elle pu de toute manière ? Elle n’était qu’une femme banale ayant survécu à cette catastrophe. Elle avait été chanceuse mais pas très longtemps. L’homme qu’elle aimait l’avait mise enceinte, parce que pour lui se protéger, même en toute connaissance de cause, c’était quelque chose d’impensable. Ce n’était pas la première grossesse de Ming Yue, mais son premier enfant était né bien avant la bombe et n’y avait pas survécu. Trop fragile. Mais cet homme n’avait pas jugé utile d’assumer cet enfant, pourquoi attacher de l’importance à un monstre et à une femme qui n’en avait plus pour très longtemps ? Ce n’était qu’une perte de temps.

Voilà de quelle manière est venue au monde Li Mei. Une enfant très rapidement orpheline, mais qui fut tout aussi rapidement adoptée, recueillie, ou plutôt kidnappée par le Clan. En réalité, c’est quelqu’un qui avait soutenu Ming Yue presque tout au long de sa grossesse qui s’est chargé de refiler l’enfant à ceux qui faisaient la dite « Chasse aux Monstres ». La dernière volonté de la mère était de pouvoir prendre ne serait-ce qu’un instant son enfant dans ses bras, mais la personne malfamée qui l’avait accompagnée qui demeurait jusque là souriante repris son visage neutre, si ce n’était froid et embarqua le bébé sans même jeter un regard à la mère. Qu’elle crève.

En réalité, cet homme avait décidé d’élever la gamine seul durant les premières années de sa vie. Le Clan ne voyait surement pas d’utilité dans un nourrisson. Il avait beau être cruel de par son projet, il n’était pas pour autant dénué de sentiments. Il ne voulait pas voir le bébé mourir, c’était impensable. Chaque être méritait de vivre un minimum. Ce n’était pas vraiment le meilleur des mondes dans lequel évoluer, mais la vie ne pouvait pas dépendre d’un seul homme. C’est pourquoi il l’a élevé à ses frais durant six années complètes. A de maintes reprises le Clan est venu la lui réclamer, mais il ne l’a jamais cachée et a toujours expliqué qu’il voulait la garder encore un peu. C’était toujours assez difficile de les convaincre, mais il y est parvenu.

En décidant de l’élever, il lui a laissé le temps de se forger son caractère et sa propre opinion de la situation, car non, il ne lui a jamais rien caché. Il lui a toujours dit ce qu’il comptait faire d’elle, il lui a toujours dit ce qui se tramait à l’extérieur et à de maintes reprises Li Mei a tenté de s’échapper. Mais en vain. Cet homme voulait simplement se venger, pour lui c’était à cause de ces enfants qu’il était maintenu prisonnier ici, en Chine. Mais en réalité il se fichait bien du genre d’enfant qu’il était en train d’élever, il avait juste fait acte de bonté en la gardant quelques années. Mais au final, lors du sixième anniversaire de Li Mei, il la laissa volontiers entre les mains des sbires du Clan.

Lorsqu’elle a été mise sous la tutelle des Kratos, Li Mei n’osait pas encore se rebeller, et comme tous ses camarades elle subissait quotidiennement des expériences quant à son pouvoir. Etant arrivée en 2035, la synthétisation de la première version du Dytentrine avait déjà était faite et le pouvoir de Li Mei n’a pas été épargné. Elle ne savait pas pourquoi on lui faisait tout ça, malgré tout, elle était encore innocente. Il lui aura fallu au moins cinq ans avant de s’affirmer de façon plus concrète et de montrer au sein du groupe qu’elle n’était pas pour être traitée comme un animal.

A vrai dire, ce n’est qu’à l’âge de douze ans qu’elle a découvert que tous ce qu’on lui faisait subir servait à créer une sorte de drogue. Ca lui donnait envie de vomir rien qu’à l’idée que quelqu’un puisse s’injecter une substance provenant de son propre corps. Mais ce qu’elle n’avait pas prévu c’est qu’une personne ait pris la fâcheuse habitude de se piquer avec ce qu’on avait récupéré d’elle, et cette personne ne s’en cachait pas. C’était un homme, et comment oublier son visage. Il avait pris l’habitude de s’occuper d’elle, à sa façon évidemment. C’était à chaque fois le même rituel. Attachée à une chaise, bâillonnée, il lui infligeait des tortures pas permises, mais elle n’était pas la seule enfant dans cette situation. Ca n’empêche pas le fait qu’elle ait été vraiment marquée par cet homme. Il tentait d’aller plus loin que la torture mais elle ne voulait pas se laisser faire, et préférait faire en sorte qu’il obtienne sa drogue et qu’il s’en aille. Car au fond, c’est tout ce qu’il voulait. Sa dose. Au fil du temps, il était de plus en plus difficile de s’en sortir indemne. Il maîtrisait le pouvoir presque mieux qu’elle mais ce qu’elle avait noté c’est qu’il n’était pas capable de maîtriser ce qu’elle ne savait pas maîtriser, de ce fait, il ne prenait pas tant d’avance que ça.

Depuis maintenant deux bonnes années, cet homme ne s’est plus jamais pointé. Il avait surement trouvé une autre victime que Li Mei n’enviait vraiment pas. Les visages changent, mais la souffrance est la même, et c’es toujours la même rengaine. Toujours tenter de fuir et de limiter les dégâts. Mais Li Mei ne pense plus seulement à elle. Pour son plus grand malheur elle s’est attachée aux plus jeunes et tente en vain de les protéger, préférant prendre à leur place même si de toute manière ils finiront quand même par subir ce qu’elle subit depuis près de quatorze ans.