+Elle est sans être. Image de ce qu'elle aurait pu être, image de ce qu'elle ne sera pas. Amnésique. Même pas. Presque pas. Elle oublie. Chaque jour elle oublie. Elle oublie qui elle est, elle oublie qui importe. Elle oublie tout ça au profit des autres. Toujours, tout le temps. Mais elle n'oublie pas son pouvoir, elle n'oublie pas son nom, elle n'oublie pas sa vie. Peur, peur, toujours de la peur. Elle est apeurée. Par le monde, par les gens, par tous. Elle est apeurée. Trop. Yeona ne se connaissait pas elle-même. Elle ne se connaissait plus. Il n'était pas question d'une quelconque amnésie bienfaitrice ou d'un dédoublement de personnalité qui pourrait encore expliquer son absence de caractère, ou plutôt cette absence de connaissance pour le moins gênante. Elle était sans être. Un nom ne cachant rien. Mystère incessant pour ne dévoiler qu'une banalité rassurante. Egoïstement ou est-ce une question de modestie, elle ne voit pas ce qu'on lui trouve. Mise à part son pouvoir il n'y a rien à trouver. Encore moins ce qu'on pourrait lui envier. Pensant n'avoir rien vécu ou presque, ses pensées filent et toutes se rejoignent en un même point. La vie ne vaut rien, et une phrase pour tout décrire. L'attente salvatrice de la faucheuse qui viendra la chercher incessamment sous peu. Elle aimerait tant. Tellement. Trop. Le pessimisme ne lui conviendrait pas contrairement à ce que vous croyez. La lucidité est une amie commode, sans doute un peu plus que l'optimisme qui frappa sa famille envers elle très jeune. S'en sortir, braver la vie, on la montrerait presque comme l'incarnation du courage, mais elle rit de cette idée. Elle n'est pas courageuse. Elle n'a pas eu le choix. Elle a juste affronté son destin en s'oubliant un peu plus chaque jour, en oubliant le visage de son père si elle n'avait pas des photos pour se remémorer chaque chose. Des photos et un carnet. Outils contre son calvaire.

Elle pense plutôt être le clown qui reste prudent devant le rire de la vie. La solitude lui tend ses bras d'amoureuse, et à présent elle l'accepte un soupir d'extase aux lèvres car elle redoute l'idiotie des gens mais pas que. Asociale mais peut-être pas autant qu'il ne le faudrait pour respirer, elle a ce don étrange et oh combien répugnant d'attirer les gens. Le physique dit-on. Ce n'est pas le sien, ou alors celui que le monde a façonné, qu’on lui a façonné, crée de toute pièce. Robotique idiote et mesurée, pour un être mal-calculé. Une copie d'un être inexistant. De ce qu'elle devrait être. Copie qui ressent, vit et souffre. C'est la nature de l'être humain dit-on, alors autant maudire l'humanité. Parce qu'elle est la moitié d'un tout, d'un rien. Elle ne sait plus si son visage est celui qui devrait être le bon. Elle ne sait plus vraiment qui elle est parfois et ça l'effraye. Elle sait sourire, elle sait rire, mais on raconte que notre tendre princesse perdit ces facultés il y a peu. Dure de rire quand on voit l'horreur du monde au quotidien, dure de sourire quand la personne qui vous fait rire n'est rien d'autre qu'un miroir où elle voit tous ses défauts. Elle voudrait devenir transparente. Ne plus rien ressentir, ne plus rien voir. Mais elle est toujours là, fantôme d’autres êtres mais là. Alors comme la plupart des êtres qui peuplent ce monde, elle sait survivre. Drôle de conclusion à cette vie, mais qu'il y a-t-il donc à rajouter ? Vous dépeindre son portrait comme un artiste, reviendrait à lui donner de l'importance qu’elle ne veut pas. Mais peut-être qu'elle en a finalement. Parce que si ce Dieu cruel, création subliminal de l'homme, ne veut pas de Yeona dans l'Eden perdu de l'être, c'est que son existence est existentielle, sans pour autant devenir hautaine en osant penser cela.

Il parait que Yeona est un Pierrot, ou alors qu'elle l'était. Soutien de l'auguste, de l'empereur sentimental, elle ne montrait qu'une façade parmi tant d'autres cachant le monstre hurlant qu'elle incarnait derrière un manteau blanc. En vérité, elle n'a que peu de qualités. La compassion l'échappe, la sociabilité la fuit. Depuis trop longtemps, elle avait toujours gardé un sourire aux lèvres, armant en porte drapeau, une fierté, et une envie de se battre aussi fausse que sa vie. Depuis trop longtemps elle avait toujours prié pour s'endormir à jamais et cesser de se réveiller et de regarder par la fenêtre ce monde qu'on lui avait dépeint au début de sa vie comme on décrivait un chef-d’œuvre du septième art, ou encore de la peinture, mais on ne lui a jamais accordé ce privilège. Mourir s'entend. Alors aigrie de la vie, elle continuait à se réveiller et à relire ce qu'elle était, ce qui lui importait, ce qu'elle avait vécu. Elle tentait de retrouver le babillage incessant des membres de ce groupe qu'on appelle entourage et qui ne sont ni reliés par le sang ni par quelques ressemblances physiques et encore moins par un lien aussi fort qu’elle aurait pu avoir avec des gens. Bien sûr restons dans le raisonnable, Yeona avait toujours mis au silence ces répliques assassines comme le reste de ses pensées, se contentant de sourire de manière douce, et de prétendre à la fatigue d’un léger bâillement pour accéder enfin au calme olympien.

Vous vous en doutez, elle apprécie, ou a été forcé d’apprécier le calme et la solitude, mais depuis peu on ne les lui accorde plus, comme à un enfant trop vieux, à qui on aurait repris ses jouets d'antan. Le calme, la volupté, la satiété d'être seule et de ne plus en avoir pour longtemps lui sont à présent inconnus. Elle a dû quitter un rôle pour un autre dans le théâtre de la vie. Etre, paraître puis devenir. Une succession logique qui emmène à la débandade de son cœur qui taira un refus. Parce qu'elle n'a pas le choix. Parce qu'elle reste sauf, indemne et que la faucheuse s'éloigne ayant trouvé mieux que son illustre personne. Alors on s'adapte. Yeona avait toujours su s'adapter. Sans doute mieux que personne. Parce qu'elle était sans attache. Parce que sa famille avait évolué autour d'elle sans qu'ils ne prennent grande attention à cette demoiselle et parce que personne n’était là pour empêcher la destruction de son être. Oui sans attache. A force de voir la vie des autres, elle ne savait plus vraiment qui elle était. Une chose était sûre, elle avait peur. Peur des autres, peur d'elle-même. Toujours peu sans que jamais ce sentiment ne se calme, sans que jamais elle ne se sente vraiment en sécurité. Un animal traqué. Pire encore.

Sans paraître décalé, elle en viendrait même à avoir peur des gens, de leur toucher. Peur de tomber malade à cause de leurs mots et maux, et d'en vomir. Il lui en a fallu du temps pour tout accepter, pour qu'aux yeux du monde elle soit devenue cette marionnette tant appréciée que tout le monde, avant de devenir en même temps cet être infâme capable de vous rejeter pour vos fautes. L'expiation ne viendra pas de ses lèvres. Adieu candeur printanière et enfantine, silence nocturne, et douceur hivernale, bonjour soleil aveuglant, rires assourdissant qui vous paraissent sardoniques, et lucidité encore plus déconcertante. On l'avait transformée en cliché, et elle s'était laissée façonner à nouveau, la lassitude l'habitant depuis toujours semblait-il pour oser se rebeller. Las d'une vie qui n'est pas la sienne, fatiguée de journées qu'elle regarde passer sans vivre, toujours à travers les autres. Pourtant Yeona savait se rebeller. Elle savait tout faire. L'avantage d'être malléable. L'avantage de ne pas avoir de caractère sans doute. Mais elle ne veut plus. Faiblesse. Il parait qu'elle reste faible derrière cette coquille rassurante qu'elle porte maintenant comme une double peau. Mais elle le sait, elle l'a toujours su. Elle est faible et apeurée. Une évidence. Elle est faible, et connait ses faiblesses. Défauts, vices, elle connaissait tout ce qui pouvait la descendre encore plus dans cet enfer pourrissant. Elle connaissait cet accroc qu'il y avait dans ses sentiments, elle connaissait ce battement assourdissant qu'on appelle le cœur. « J'ai un ulcère aux sentiments, de l'eau dans le cœur et la nuit est lourde. La fumée ne m'atteint plus et j'ai son odeur sur les yeux. » Elle en paraitrait presque trop poétique, si elle venait à dire ça. Mais c'est vrai hélas. La vérité n'est que plus dur à accepter, sachant que ce chainon manquant à sa vie, Elle a dû le construire de toute part quitte à paraitre factice ou encore mensonger, pour sauver des vies qui l'importaient peu. Voilà le masque. Un sourire. Un foutu sourire.

Elle avait enfilé ce rôle, par commodité. Et par obligation même si elle se plaisait à oublier la deuxième partie. Elle avait appris à rire, et à sourire faux, car le côté vraisemblable est tout ce qu'il lui restait. Le naturel comme le reste lui échappait, alors on ne peut que s'adapter. Elle était sortie et avait connu la vie. Yeona avait appris à comprendre la nature humaine, et à la dédaigner qu'un peu plus. Devenir superficielle, et aussi naïve que possible pour ne pas être blessée plus. Être incessamment une ombre vernie par les autres, la même sensation humide de se faire violer par leurs regards. Et se taire sous les regards et jouer. Joueur de flute, joueur de vie. Jouer tout simplement et s'adapter. Devenir inconsciente, ranger sa lucidité au placard pour ne plus souffrir à chaque seconde de la bassesse de ce monde. Se déchirer les yeux d'un coup de larme pour en finir avec cette envie de gerber sur vous. Vomir et pleurer c'est un peu pareil, ce n'est qu'une question d'odeur. Elle ne pouvait faire ni l'un ni l'autre. Marionnette de la vie à défaut d’être la sienne, elle sourit encore et encore, s'assurant qu'on la croit ne serait-ce qu'un peu. Elle était devenue son inverse. Sourire, rire silencieusement, s'amuser, détester les gens, n'aimer que soi, être aussi naïve et narcissique qu'un enfant, vivre, détester, aimer, survivre. Elle n'aimait pas ce rôle dans le fond, mais elle n'était pas grande vedette, alors elle devait se contenter de dire oui et de jouer, priant pour qu'on ne découvre pas la supercherie, et qu'on la laisse un jour retourner dans les bras de la dame au voile noir. « Bonsoir je vais bien, j'oublie, ça fait longtemps que j'oublie et je continue d'oublier. » Encore et encore dans ce cercle vicieux qui n'en finira jamais. Ce n'est qu'une boucle incessante et on ne peut rien y faire si ce n'est attendre encore un peu. Ils la regardent tous mais elle, notre princesse du faux-semblant regarde derrière, crève-lui les yeux ça ira mieux, ne crois pas qu'elle pleure, ça serait trop facile ... Elle oublie pour mieux devenir, elle garde ses larmes pour en faire des armes. Ses sentiments n'en seront que plus poignant parait-il. Mais elle ne veut plus voir le monde, à défaut de vivre la vie, il parait que ça ne lui réussit guère. Que peut-elle vraiment y faire ? Survivre ? En soit c'est une finalité quotidienne et hélas banale à laquelle Yeona devra se contenter. Survivre et attendre la fin du jeu. Juste encore un peu. Encore un peu à oublier ce sentiment déchirant et à jouer cette comédie grotesque.
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ATTAQUE ; +03/10+
DEFENSE ; +04/10+
VITESSE ; +07/10+
AGILITE ; +09/10+
INTELLIGENCE ; +07/10+
ENDURANCE ; +07/10+
ART MARTIAL ; +Aucun+
ARME ; +Nom+

+Bonjour \o. Moi c'est Raion et puis c'est tout éè. Non sérieusement Alice pour certains, 21 ans depuis peu, j'ai trouvé le forum via un partenariat ~ Sinon j'aime beaucoup le contexte et euh ... Ah oui. Pourquoi un corbeau ressemble-t-il à un bureau ?
Malheureusement le chapelier me l'a pas encore dis, mais en échange je peux vous avoir des chapeaux. *dehors *+