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Cook for me

Kim Sungho & Oh Taejun.

7 avril 2049, aux alentours de midi

Bon, aujourd’hui, c’est journée de liberté. Enfin, on va dire ça comme ça parce que bon, personne n’est vraiment libre dans ce pays. Personne n’est libre en fait, c’est juste une liberté factice que beaucoup croit vrai. Mais en fait, on a juste à creuser un peu pour se rendre compte que non. Non la vraie liberté n’existe pas. Déjà, elle n’existe pas dans les autres pays, parce que si on regarde bien, chaque homme et chaque femme est soumis à des lois, dont des lois personnelles, qu’on s’impose à soi sans savoir que ce sont des lois. Bien sûr, il y a des pays où les lois sont plus ou moins strictes selon les convictions, les croyances ou encore le gouvernement, donc cela a une incidence sur la liberté. Mais il faut savoir que nous, dans notre vie actuelle, la liberté n’est qu’un mot pour désigner celui de prison.

Bien sûr, nous n’avons pas tous la même définition du mot liberté. Le gouvernement promet aux Aegis une certaine liberté, ils peuvent vivre comme ils veulent dans leur ville, travailler, étudier… Mais ceci, ce n’est qu’une prison dorée, rien que ça. Beaucoup de Aegis le savent (surtout ceux qui ont été Katharsis avant en fait), d’autres ferment les yeux dessus, d’autres encore, sont persuadés que le gouvernement ne leur veut que du bien. C’est faux. Pourtant, nous autres, Katharsis, nous prônons la liberté, nous disons aux Aegis qu’il faut qu’ils retirent leur puce électronique pour enfin être libre et nous rejoindre. La vérité, c’est que nous aussi nous vivons prisonniers. Alors bien sûr, nous vivons en pouvant aller partout. Mais est-ce que c’est de la liberté pour autant ? Je ne crois pas non. Comment voulez-vous qu’on se sente libres alors que la menace de nous faire attraper par le gouvernement plane sans cesse au-dessus de nos têtes. Non, nous ne pouvons pas dire que nous sommes libres. Et les Lachesis… Soit à la solde du gouvernement, soit ils essaient de nous aider du mieux qu’ils peuvent ou alors, ils vivent sans tenir compte de rien. Quoiqu’il en soit, ils sont tout autant prisonnier que nous tous. C’est triste à dire, mais c’est comme ça.

Quoiqu’il en soit, aujourd’hui, je n’ai rien à faire, pas de message à porter et puis je m’ennuie au camp. Alors au lieu de rester toute la journée à ne rien faire, j’aime autant bouger et aller voir du monde. Ou ça ? A Seoul bien sûr. Il ne faut pas croire, si on sait par où passer, c’est facile d’y entrer, une fois dedans, il faut juste passer inaperçu, soit se cacher, soit faire comme tout le monde. Etant donné que se cacher est difficile à faire dans des rues pleines de monde, il vaut mieux faire comme tout le monde. En fait, ce n’est pas compliqué de se faire passer pour un Aegis. Bon, la seule chose à faire quand vous êtes un Katharsis, c’est d’éviter les contrôles. C’est là que mon pouvoir est très efficace, mes parents me disent quand il y a des soldats qui passent non loin de moi et je les évite. Bon, je vous avouerais qu’il faut parfois ruser, mais je ne me suis encore jamais fait prendre donc je suppose que je ne me débrouille pas trop mal.

Mon objectif du jour ? Aller chez Sungho. Je sais, c’est risquer, après tout, il pourrait me dénoncer au gouvernement. Mais je sais qu’il n’en fera rien parce que même si je suis plus jeune que lui, nous sommes amis. Je ne fais pas confiance à beaucoup de monde en dehors des Katharsis, mais à lui, si. J’espère que malgré le gouvernement, nous resterons en bons termes encore longtemps. Au-delà du fait que ça soit mon ami et que j’ai envie de discuter un peu, j’y vais parce que j’ai vraiment trop faim. Il n’y a pas grand-chose à manger sur le camp en ce moment, du coup on se rationne. Il faut qu’il y en ait pour tout le monde alors on partage. Sauf que là j’ai trop faim donc je vais chez quelqu’un qui sait vraiment faire de la cuisine, quelque chose de vraiment bon et savoureux. Mon estomac grogne déjà d’impatience.

Je passe par la porte d’un des bâtiments et je monte les deux paliers qui m’emmènent devant la porte de mon ami. Je frappe trois coups puis deux à la porte. C’est notre code. Comme ça il sait que c’est moi et si jamais il est avec quelqu’un qui voudrait m’attraper, il ne vient pas m’ouvrir. J’espère vraiment qu’il est seul aujourd’hui.

Bon, j’ai décidé d’aller voir Sungho donc ce n’est pas pour lui apporter des pensées négatives, il faut que j’arrête d’être pessimiste comme ça et que je positive. Un jour, probablement dans très longtemps, tout ça s’arrangera. Alors oui, ça va prendre du temps, quand nous aurons renversé le gouvernement il faudra tout reconstruire, mais je sais que nous allons y arriver. Il faut qu’on y arrive, pour que ce pays reprenne sa place dans le monde, la place qu’il a perdue alors qu’il devenait de plus en plus fort. Ça va être difficile, ça ne se fera pas en un jour ni même en quelques années, mais je sais que nous allons y arriver, nous pouvons le faire.

Mais voilà, ce n’est plus le moment de penser au gouvernement, il ce qu’il nous fait subir et au fait qu’il enfonce un peu plus chaque jour ce pays dans la misère. Non, je dois penser positivement. Oui parce que bon, déjà que je viens squatter chez mon hyung pour manger, si en plus j’apporte des ondes négatives avec moi, ça ne va pas le faire. Ça fait un moment qu’on ne s’est pas vu, je n’ai pas envie qu’on passe les quelques heures qu’on va passer ensemble à discuter de ce pays malheureux dans lequel on vit. Alors au moment où j’entre dans le bâtiment où il habite, je souffle un grand coup et j’expulse de mon cerveau toutes ces ondes négatives qui pèsent sur mes épaules. Cette après-midi, je me dois d’être gentil avec lui et j’ai envie qu’il soit heureux de me voir, pas qu’il ait envie de me chasser de chez lui parce que j’apporte des ondes négatives.

Donc voilà, je me mets de bonne humeur et je papote avec les esprits qui sont dans ma tête. Pour une fois ils ne sont pas trop agaçants et ils restent calmes. Il faut savoir que j’entends particulièrement bien les gens qui étaient proches de moi, ainsi que ceux que j’ai tué. Et bien aujourd’hui, comme je me mets de bonne humeur, bah du coup, les personnes que j’aimais beaucoup et qui étaient proches de moi dans leur vivant sont particulièrement en forme alors que d’habitude, ils restent plus en retrait que les esprits qui sont négatifs. Donc c’est cool, je suis content. C’est pour ça que quand je frappe à la porte de mon ami avec le code que nous avons convenu pour qu’il sache que chez moi, j’ai un grand sourire collé sur les lèvres. Je m’impatiente devant la porte. Je ne pense pas qu’il y ait grand monde dans le bâtiment à cette heure-là, mais bon, on ne sait jamais, je ne peux pas m’attarder trop longtemps au même endroit, surtout s’il est à découvert comme celui-ci.

Je m’apprête à tourner les talons lorsqu’enfin il m’ouvre. Ah ! Je suis tellement heureux de le voir que je lui saute limite au cou. Je n’ai pas l’habitude d’avoir un comportement gamin, après tout, j’ai grandi trop vite. Nous grandissons tous trop vite dans ce monde de fou. Les Katharsis encore plus que les Aegis. Nous avons souvent dû faire des choses horribles pour nous en sortir, tuer, torturer… Et pour certains, dès le plus jeunes âge. Alors dans ce cas-là, il y a deux solutions : soit vous vivez avec et vous passez outre, vous vous dîtes que de toute façon pour survivre, il fallait bien le faire, ou soit vous devenez complètement fou. J’ai décidé de me venger, donc j’ai aussi pris l’option où je passe outre. Oui j’ai fait des choses horribles, ou j’ai tué, mais uniquement quand j’étais obligé. J’ai promis à mon père que je le vengerais alors je le vengerais, et pour ça, il faut que je reste en vie. Donc quand quelqu’un essaie de me tuer, je le tue en premier.

« Ca va super Sungho ! Et toi ? Je suis désolé, il n’y a pas grand-chose à manger au camp en ce moment, c’est un peu difficile… Mais ça faisait longtemps aussi, tu me manquais. »

Je le suis dans la cuisine et je me lave les mains avant d’entreprendre de mettre la table histoire de l’aider un peu. Je m’incruste comme je sais pas trop quoi là, alors je peux bien participer un peu quand même, non ? Une fois que j’ai fini, je m’assoie sur une chaise et je le regarde faire. Ca sent déjà bon !

« Bon alors dis-moi, quoi de beau en ce moment ? Le travail ? Les gens ? T’as rencontré quelqu’un ? »

Il a vraiment l’air épanouit, comme moi je le suis en ce moment…