Citation :

Time is life

Hwang Junsoo & Oh Taejun.

17 mars 1949, fin d'après-midi

Surtout, être prudent. C’est la règle numéro une quand on est un Katharsis. Autrement dit un exclu, un renégat même, au regard des Lachesis. Renégat de quoi franchement ? Il est où le mal dans la phrase « je veux être libre », si vous le voyez dites le moi parce que moi je ne le vois pas. C’est quand même dingue qu’on soit obligés de se cacher au risque de se faire attraper. Jamais je ne pourrais vivre enfermé. Alors oui, les Aegis ont le droit à une ville quand nous, nous avons droit à des camps, mais franchement, ce n’est qu’une prison dorée. Je n’ai jamais été enfermé, ce n’est pas maintenant que ça va commencer.

C’est donc pour ça que je dois être extrêmement prudent lorsque je m’aventure hors du camp. Je suis encore jeune, j’ai des choses à apprendre de la vie même si j’ai vécu énormément de choses difficiles. Mais on en a tous vécu en tant que Katharsis, et puis même les Aegis en ont vécu. C’est en partie pour ça que je ne veux pas me faire attraper, je veux me venger. Enfin, je veux surtout venger mon père en fait. Et ma mère aussi remarquez, parce que sans le gouvernement, cette bombe n’aurait pas vu le jour et la Corée serait encore un pays où on vivrait correctement. Je devrais peut-être me faire attraper en fin de compte, comme ça, je pourrais vivre dans la ville et comme ça je serais plus proche du gouvernement pour les atteindre… Oui mais non, c’est une mauvaise idée. Déjà, comme je l’ai dit, je ne suis pas prêt à être enfermé, et puis il vaut mieux que je reste avec les Katharsis, nous avons plus de chance de les atteindre si on reste unis. Non parce que si chacun va de son côté, on n’est pas prêts d’y arriver…

Bref, si je sors aujourd’hui c’est parce que me rends sur la tombe de mes parents, c’est l’anniversaire de mort de mon père. Je sais que malgré le fait que je déteste mon pouvoir par moment, j’ai de la chance de pouvoir parler avec mes parents quand j’en ai envie, mais j’ai vraiment besoin de me rendre sur la tombe de mon père. Une étreinte mentale ne remplacera jamais la sensation d’une étreinte réelle. Mon père a bien essayé de me dissuader d’y aller parce qu’il a peur pour moi, mais je ne peux pas m’empêcher d’y aller quand même. Je veux juste essayer de nettoyer un peu la tombe et puis j’apporte un bouquet de fleurs. Oui je sais, dit comme ça, ça fait bizarre, mais je sais que ma mère sera heureuse quand je l’aurai posé dessus alors c’est ce que je vais faire.

Bref, j’arrive donc dans le cimetière avec mon pauvre bouquet. Il n’est pas très beau, mais c’est l’intention qui compte comme on dit. Et puis mon père est bien trop inquiet pour moi pour qu’il me laisse le temps d’en confectionner un plus beau… C’est bien de pouvoir parler avec ses parents, mais je vous assure que par moment, j’aimerais bien qu’ils me laissent respirer. Ma mère encore ça va, elle a toujours compris que si je voulais faire quelque chose je le faisais, mais mon père a toujours peur de tout ! C’est impressionnant. Enfin bref j’ai dit. L’endroit est calme, comme d’habitude. Je crois que depuis que j’y vais, les seules choses que j’ai croisé, c’était des écureuils… Ça me fait un peu de compagnie vous me direz. Et puis éviter de croiser quelqu’un, m’évite d’avoir à répondre à des questions.

Je connais le chemin jusqu’à la tombe par cœur, je pourrais le faire les yeux fermés. Sauf que voilà, pas aujourd’hui. Pourquoi ? –Fais attention Taejun, tu n’es pas le seul dans ce cimetière aujourd’hui–. Merci maman… Je me dépêche donc de faire le chemin. J’arrive presque à la tombe de mes parents lorsque je le vois, il est assis dessus. –Il est quoi ?– –Katharsis il me semble–. Parfait, donc je n’ai rien à craindre, ou du moins, je n’ai pas besoin de m’en inquiéter pour le moment. Je sors de de derrière la tombe derrière laquelle je m’étais caché et je m’approche de lui.

« Je peux savoir ce que tu fais là ? »

Oui, je sais, il peut me retourner la question. N’empêche que je crois quand même avoir plus le droit d’être assis sur la tombe de mes parents que lui.

" I am death, the DESTROYER of worlds ✗

Destins funestes et âmes perdues dans un champ de croix dévasté, à l'univers macabre et sanglant. Ce lieu lugubre qu'on appelle cimetière où pourrissent sous nos pieds des morts qui auraient pu nourrir des corbeaux affamés est un endroit de Séoul que l'on préfère éviter. Qui a envie de saluer des corps décomposés rongé par les vers six pieds sous terre ? La nuit tombait en ce mois de mars et le temps s'était refroidi. Le soleil couchant colorait les tombes et autres ornements au blanc rouillé d'une teinte vermillon et l'on pouvait déjà voir les fruits d'un nouveau printemps; une fleur s'émerveilla en bourgeon dans une nécropole abandonnée depuis bien longtemps par les locaux. Un hiver bien froid laissait place à la saison de la renaissance.

Junsoo arracha la fleur qui s'efforçait de vivre du sol. Alors que sa frêle tige se brisait, la vie éphémère de la plante s'envolait aussi. Le jeune homme regarda la fleur avant de la rejeter au sol. Il ne voulait pas qu'elle vive dans un endroit aussi dépressif et a préféré lui couper l’existence maintenant. Il soupira.

Le jeune homme était dans ce cimetière depuis quelques mois maintenant et ne le quittait que pour aller se chercher de la nourriture ou se désaltérer à la source d'eau la plus proche. Il trainait la vieille faux qu'il avait récupéré dans les ruines du cimetière et se contentait d'enterrer les corps qui gisaient auparavant sur le sol, qu'on avait surement laissé se décomposer par non respect de leur vie vécue. Junsoo voulait au moins leur donner une sépulture décente et les rendaient à la terre ce qu'ils étaient devenus : poussière. Il faisait cela tous les jours, mais il y avait qu'un seul corps qu'il ne voulait pas toucher; celui de sa sœur. Un Katharsis qui vivait dans Séoul, c'était risqué et pourtant depuis qu'il réside dans ce cimetière, les seules visites qu'il eut étaient de faibles Aegis qu'il réussit à faire fuir grâce à son pouvoir. Personne ne s'approcherait de sa soeur.

Aujourd'hui, il avait enterré un jeune couple côte à côte. Ils avaient l'air heureux. C'était triste. Mais il avait au moins pu les laisser reposer en paix ensemble. C'était au moins ça. Une fois la pierre tombale posée, Junsoo utilisa le côté tranchant de sa faux pour y inscrire que le couple était heureux même dans la mort. Junsoo frotta ses mains glacées et nettoya avec sa manche la pierre, avant de lui jeter un dernier coup d'oeil. Il se releva et repartit au près du corps de sa soeur.

Des souvenirs heureux lui revinrent en tête. Le corps de Jiwon était là, sur la pierre d'une tombe, mais il refusait de la déplacer encore une fois tant qu'il ne lui aurait pas construit une maison décente. Il passa sa main contre le visage froid de la jeune femme, avant de poser son manteau sur son cadavre. Il demanda ce qu'elle devenait depuis qu'il l'avait réanimée et qu'elle devait surement avoir froid, là, maintenant. Mais il n'avait pas la force actuelle d'aller courir après son imagination.

Il s'était assis sur la tombe d'à côté. Encore celle d'un couple. Il laissa un léger ricanement sortir de sa bouche. A croire que l'on meurt heureux et pour le meilleur, d'après ce qui est inscrit sur la tombe. Foutaises. Son bras frappa instinctivement la pierre. Si c'était si facile, cela se saurait.

* * *

Junsoo entendit un bruit derrière lui. Il se retourna non sans attraper sa faux du bout des doigts. Un jeune homme l'interpellait. Il avait l'air plutôt frêle à vrai dire, assez mince, surement facile à briser en deux. Encore un Aegis qui passait par là ? Bien, encore une fois, autant le faire déguerpir rapidement, Junsoo ne voulait pas quelqu'un sur son territoire.

Il créa un portail de miasme derrière le jeune homme d'où en sortit quatre bras en pierre qui attrapèrent bras et jambes de l'interlocuteur, l'immobilisant pour un instant, assez longtemps pour l'interroger. Junsoo se leva avec nonchalance, prit sa faux et colla le fer coupant et froid sur la gorge de l'intrus. Il afficha un sourire en coin.

▬ On se présente avant d'agresser quelqu'un verbalement, tes parents ne te l'ont jamais inculqué ? Junsoo se rapprocha un peu plus de sa cible, sans bouger sa faux. Je suis Hwang Junsoo et ce que je fais ici ne te regarde pas. Mais toi, parle, dis moi qui tu es et pourquoi tu oses venir me déranger. Je ne suis pas d'humeur patiente là maintenant, donc tu devrais rapidement vomir tout ce que tu as à dire, pour ton bien.

Une pluie fine commença a tomber. Une goutte tomba sur le visage de Junsoo. Il s'essuya de la main gauche avant de jeter un coup d'oeil sur sa soeur. Un autre portail de miasme se créa près de la jeune femme et un parapluie assez grand en sortit, la couvrant entièrement de la pluie.

▬ J'aime l'odeur et le son de la pluie, déclara Junsoo. C'est apaisant. Et ça lave les erreurs des gens. Et pourtant beaucoup de monde déteste la pluie. Pourquoi avoir peur d'un peu d'eau ? Peut-être que tu peux me l'expliquer avant que je ne tranche la gorge ?

Question bizarre qu'il lui posait. En tout cas la durée de vie des bras n'allait pas tarder à s’arrêter et Junsoo réfléchissait déjà aux éventuelles possibilités d'attaque si l'intrus se montrait hostile.

Je sais bien que ce n’est pas très prudent de ma part de me montrer à découvert d’un coup comme ça, mais pourtant je le fais. Dieu sait que je suis plus prudent que ça d’habitude, mais là, on parle quand même de la tombe de mes parents et je n’apprécie pas tellement que quelqu’un pose son postérieur dessus, aussi digne soit-il. Et puis bon, je n’ai pas vraiment de raison de me méfier, après tout, c’est un Katharsis, il ne devrait pas me faire de mal. Quoi qu’on ne sait jamais ceux du groupes Delta, si moi je suis plutôt solitaire dans mon groupe Omega, ce n’est rien comparé à ceux qui passent leur vie seul. Je suis quelqu’un qui aime la solitude, mais pas à ce point là quand même.

Quoi qu’il en soit, je m’approche et je l’interpelle. Mauvaise idée. Je ne pense pas que je lui ai fait peur, je l’ai surpris certes, mais pas fait peur. C’est sûrement pour ça que j’ai droit de me retrouver enserré par quatre bras de pierre sortis de nulle part. Bon bah voilà quoi… –Je te l’avais dit…–. Je ferme mon esprit histoire de de plus entendre mon père. Je n’ai pas besoin de ses remontrances là tout de suite et je n’ai pas mon plus envie de lui envoyer un « oui c’est bon, j’aurais dû t’écouter » parce que d’une, je n’ai pas envie de l’agresser, et de deux, surtout parce qu’il avait raison de se méfier et que ça m’énerve. Bref, j’ai vraiment pas l’air malin coincé ici moi. Il va falloir que je trouve une solution, et vite. Bon, déjà, mes bras sont collés le long de mon corps, ce qui est déjà pas mal car ça veut dire que je peux attraper mon poignard qui est attaché à mon avant-bras sans difficultés. C’est bien l’avant-bras, tu peux le sortir quand tu veux. J’ai vu des personnes mourir parce qu’elles gardaient le leur accroché à leur chevilles, ce qui est complètement stupide car tu as le temps de mourir dix fois le temps que tu l’attrape, et ce, même si tu es très rapide. J’ai aussi mon épée dans mon dos mais je vais avoir du mal à l’attraper discrètement. N’empêche qu’il faudrait que je fasse quelque chose parce que le fourreau commence à me faire mal et je n’ai pas vraiment envie d’avoir un bleu qui obligera à la positionner dans l’autre sens.

Lorsque sa faux touche ma gorge, mon cœur loupe un battement et les esprits en profitent pour revenir dans ma tête. Il ne faut pas que je perde le contrôle maintenant. Je ne peux pas lui balancer tout de suite dans la tête parce que je suis encore prisonnier de ces bras qui vont finir par m’étouffer si ça continue et qu’il en sera débarrassé avant que j’ai pu me libérer. Et puis je n’ai pas mangé aujourd’hui, du coup, je n’ai vraiment pas envie de m’évanouir une fois le transfert des esprits fait. Ça serait une très mauvaise idée. Tout ce que je peux faire, c’est gagner du temps en parlote histoire qu’il s’épuise et que cette entrave qui me retient disparaisse. Ça tombe bien, il a l’air d’aimer parler. Dommage qu’autant de stupidités sortent de sa bouche parce qu’il est vraiment mignon. Bref.

« Enchanté Hwang Junsoo, je suis Oh Taejun. »

Petit ton, petite pause et petit sourire ironiques. Je sais, ce n’est pas bien prudent quand on a une faux posée sur la gorge comme me le fait si bien remarquer mon père mais je ne peux pas m’en empêcher, c’est plus fort que moi.

« Et sache que cet endroit ne t’appartient pas, il appartient à toutes les personnes qui ont de la famille ou des amis ici. Et d’après ce que je peux constater, ta famille ou ton amie n’est pas encore enterrée, t’as besoin d’un coup de main ? »

–Yah Oh Taejun ! Tu tiens pas à ta vie ou quoi ?– J’entends ma mère qui rigole derrière mon père. Elle a toujours été comme ça, rire en toute circonstance et utiliser l’ironie même dans les moments les plus critiques, « autant mourir en s’amusant » m’a-t’elle toujours dit. A l’exception près que je n’ai pas tellement envie de mourir aujourd’hui. Du coup, mes parents qui se disputent combiné à ce que me dit Junsoo me font sourire.

« Les gens n’ont pas peur de la pluie parce qu’elle peut laver leurs pêchés ou leurs erreurs, mais parce qu’elle peut faire disparaitre leur carapace ou l’image qu’ils se sont créés. Toi tu n’en n’as pas peur parce que tu n’as rien à cacher à part que tu te balade avec le corps de… Qu’est-ce que tu fais avec le corps de ta sœur ? »

Il va se demander comme je sais ça… Peut-être parce qu’elle vient elle-même de me le dire… Sa voix est faible et lointaine comparé à certaines que j’entends, mais j’ai réussi à la distinguer dans tout ce bazar. Mais bon, s’il pouvait me laisser sortir, ça serait pas mal…

« Dis, tu voudrais pas faire disparaitre tes machins là, je vais pas te bouffer, je venais juste déposer un bouquet sur la tombe de mes parents, pas troubler ton tête à tête avec ta sœur. »

" Let the rain kill you ✗

Quelle arrogance, elle puait à des kilomètres. Finalement, les aegis peureux, ça lui manquaient un peu à Junsoo. Là, il avait l'impression d'avoir à faire à un gringalet qui pétait plus haut que son postérieur et qui affichait un sourire qui ne plaisait pas du tout à l'homme à la faux. Pas du tout. Junsoo fronça les sourcils, avant de répondre par le même sourire narquois. Lui qui voulait le faire fuir comme un poltron en douceur, il allait devoir revoir ses plans.

Le cimetière appartient à tout le monde ? Oui, c'est la poubelle humaine de la ville. Les gens, les corps, les 'amis' qui ne servent plus à rien, on les jettent tous ici. Qu'il ose encore dire avec fierté que cela lui appartient. Et surtout, le fait qu'il ait mentionné Jiwon commençait à taper sur le système de Junsoo. Il était très lunatique et avait du mal à contrôler ses énervements, mais soit, il se pourrait bien que cette fois-ci, il ne fasse rien pour se limiter. Son commencement de tirade apprise par coeur sur la pluie ne sauvait en rien sa personne. Et comment osait-il se montrait comme affectif avec ses parents avec ce bouquet de fleurs aussi fleuri qu'une bouse de vache ? Junsoo pouffa de rire. Certaines personnes devraient bien fuir en temps de pluie, ça rendra service à tout le monde. Mais il avait bien raison sur une chose, il allait lui enlever ses "machins" là. De toute, d'une seconde à l'autre, ils allaient disparaître d'eux même. En un instant, le portail derrière Taejun se referma ainsi que celui qui abritait Jiwon de la pluie. Junsoo préférait être prudent et se battre avec ses deux portails plutôt qu'avec un. Un peu de pluie n'a jamais fait peur à sa soeur de toute façon.

▬ ... Mauvaise réponse, déclara Junsoo avant de relever rapidement sa faux, coupant surement superficiellement le visage de son interlocuteur. Puis d'un geste vif, il la retourna et frappa l'avorton en face de lui d'un coup de crosse de la faux en plein ventre, assez fort pour le projeter un peu plus loin. Ton arrogance me donne envie de vomir. Les gens fuient la pluie parce que c'est des lâches, égoïstes et qu'une bande de gros peureux. Il n'y a pas d'autre réponse à cette question.

Assez rapidement avant que son interlocuteur ne se reprenne, Junsoo fit quelques bonds en arrière afin d'être hors de portée du poltron. Il avait eu le temps de remarquer que son adversaire était armé et qu'il fallait prendre ses distances, après tout, son arme à lui avait surement bien plus de portée que le couteau de Taejun ou la chose qu'il transporte dans son dos. Il créa un nouveau portail de miasme derrière lui d'où sortaient deux panthères noires faites en miasme corrosif. Elles se positionnèrent près de Junsoo, qui prit sa faux des deux mains. Le portail, encore actif, laissait voir les méandres du mental de Junsoo à l'avorton qui osait le défier, pas forcément agréables à la vue; des chevaux qui passaient à la guillotine, des démons qui arrachaient les boyaux de démons plus faibles ou des cadavres qui agonisaient dans une mer de lave, pour ne citer que ça.

▬ Voyons voir si ton niveau de combat est aussi haut et bien placé que ton arrogance, s'écria le dérangé à la faux géante. Mais un conseil, tu devrais sortir de ce cimetière pendant que tu le peux. Sinon, je devrais enterrer tes restes aussi et pour être franc, j'en ai pas envie, ça me ferait perdre mon temps.

A peine eut-il finit sa phrase que ses panthères imaginaires mais bien réelles se jetèrent à toute vitesse sur l'intrus, laissant sur le sol des plumes de corbeaux au noir cendré. Junsoo se tenait près à repousser toute attaque physique et espérait être assez loin pour que quelconque attaque mentale ne puisse l'atteindre. Et surtout, il espérait que le nigaud avait bien vu qu'il ne plaisantait pas et que dans son imaginaire, il y avait de quoi le faire souffrir pendant une bonne heure. Et lentement, en plus.

Avec tout cela, la pluie faisait de plus en plus rage et le sol était bien glissant. Il fallait finir ce combat au plus vite pour mettre Jiwon à l'abri. Les gouttes perlaient sur le visage de Junsoo, bien déterminé à jeter cet insecte hors de son territoires, aussi nobles ou fausses soient ses intentions. Après tout, rien ne disait qu'il n'était pas un de ces bâtards de scientifiques...

Mon arrogance ? Il se fout de moi c’est pas possible. D’où il me traite d’arrogant alors que c’est lui qui me dit que j’empiète sur son territoire. Bon ok, c’est moi qui l’ai limite agressé en arrivant. Mais bon, si on ne peut même plus venir faire un tour dans cet endroit glauque tranquillement, franchement, il ne nous reste plus grand-chose. Pour tous les enfants de mutants, c’est le seul moyen de se retrouver un peu proche de sa mère, la fameuse mère que nous avons perdu à notre naissance. Bon, après, je sais que moi j’ai de la chance de l’avoir toujours à mes côtés et de pouvoir compter sur elle. Mais ça ne fait pas de mal de se rendre au cimetière de temps en temps. Sans compter que c’était surtout pour rendre hommage à mon père que je venais aujourd’hui.

Quoiqu’il en soit, je commence à perdre le contrôle parce qu’il me tape sur le système là. Hors, je ne peux pas me laisser submerger par mes émotions. D’accord, il n’est peut-être pas très malin, mais c’est quand même un Katharsis, hors, si je perds le contrôle de moi-même, je vais vraiment devenir violent et je n’ai pas envie de tuer un de mes « collègues » accidentellement. Nous avons besoin de tous les renégats pour se battre contre le gouvernement, même si certains d’entre nous sont vraiment bornés. Oui, cette phrase est basée sur le jeune homme qui se tient en face de moi.

D’ailleurs, il vient de faire disparaitre les bras qui me retenaient prisonnier. Je tombe donc à genoux sur le sol en sentant sa faux me couper légèrement au passage. Merde, je vais me mettre en rogne et ça risque de ne vraiment pas le faire. J’essuie le sang qui perle sur le coin de mon menton à l’aide de ma main et je relève la tête pour le regarde se mettre hors de portée de moi.

« Mon arrogance… ? C’est toi qui es arrogant à te croire supérieur au monde des vivants. Et pose-toi bien les bonnes questions… Est-ce les autres les peureux ? Ou bien toi ? Toi qui as tellement peur de te retrouver seul que tu gardes le corps de ta sœur comme seule compagnie ? »

Je n’entends même plus mon père dans ma tête qui me traite de tous les noms parce que je fais preuve de méchanceté. Je ne suis pas méchant, je suis réaliste. Qui est-ce qui est assez fou pour se balader avec le corps de sa sœur morte. Il faut être sérieusement atteint je pense. Et ça doit être le cas de ce mec qui se prend pour Hadès à l’entrée de l’enfer. Si il croit que ses gros chats me font peur, il se trompe. Ou du moins, je suis sûr de moi jusqu’à ce qu’il les jette sur moi. C’est quoi ce pouvoir là sérieux, il ne l’épuise jamais ou quoi ? En moins de temps qu’il ne faut pour le dire, j’attrape ma courte épée accrochée dans mon dos. Je reste à genoux, ça sera bien plus facile pour avoir ses grosses bestioles. La première ne fait pas long feu quand mon épée lui tranche la tête, malheureusement, mon épée non plus. Cette dernière est toujours en vie, mais ce n’est même plus la peine d’espérer transpercer quoi que ce soit avec. On dirait qu’elle vient d’être polie à l’acide, ce qui doit probablement être le cas.


Bref, l’autre demoiselle se jette sur moi et je me retrouve sous elle. Je protège mon visage à l’aide d’un de mes bras et je lui donne un coup du pommeau de mon épée sur la tête. Bien, il est assez fort pour la sonner et ça me permet de m’extraire de sous son corps. Je pousse un gémissement quand je sens ma main me brûler. J’ai à peine le temps de la voir se couvrir de cloques rouges que déjà, la panthère me court après. Je slalome entre les tombes du cimetière avant de faire demi-tour pour revenir avec le fameux Junsoo. Je cours moins vite pour laisser la panthère se rapprocher de moi puis au dernier moment, je saute au-dessus d’une pierre tombale et je m’accroupi juste derrière. Le bruit que fait la panthère en arrivant dessus m’apprend qu’elle vient de s’exploser le crâne dessus. Parfait. Je me dirige vers le jeune homme à peine plus vieux que moi.

Je sens que je suis sur le point de lâcher prise, mais je ne peux pas me permettre de leur laisser prendre le contrôle. Je sens que mes parents essaient de leur mieux de les retenir, mais ils ne tiendront pas longtemps, je le sais. Même la dénommée Jiwon essaie de les aider. Mais elle est bien trop éloignée de mon histoire pour que ça serve à quelque chose. Quoiqu’il en soit, elle essaie de m’aider, et c’est l’intention qui compte. Je ne suis plus qu’à quelques mètres de mon rival du moment désormais.

« Ta sœur est une personne adorable, elle ne tient pas à ce que je perde le contrôle, ce qui prouve qu’elle t’aime. Si je perds le contrôle Junsoo, ça risque de mal se terminer, pour toi comme pour moi. C’est vraiment ce que tu veux ? Laisser le corps de ta sœur sur cette pierre froide ? Je ne crois pas non… Laisse-moi tranquille et je pourrais me poser pour éviter qu’ils ne prennent le contrôle, sinon… Je ne peux rien te promettre… »

Ce qu’il y a quand je perds le contrôle, c’est que je peux blesser n’importe qui. Le seul truc, c’est que dans ces moments-là, je ne fais plus vraiment attention à ce qui pourrait m’arriver à moi. Un jour je vais finir par me tuer de cette façon. Par leur faute. Et je le sens, ils sont tout proches de prendre le contrôle…