Que vous dires de moi ? Comment faire pour que vous cessiez de me fuir, pour que je ne vous fasse plus peur, alors même que je m’effraie moi-même ? Je ne suis pas ordinaire, pas dans le bon sens du terme. Je suis différente. Pas tout à fait humaine, mais pas complètement mutante. Un handicap qui m’a retranché au titre de rebut de deux espèces inconfondables.
Je suis née au sein d’un groupe de survivants appelé « la Famille ». Une famille qui m’a trahie. Qui a assassiné sauvagement le seul être capable de me protéger. Qui m’a fait du mal.
Je me suis enfuie, j’ai connu une autre famille, cette dernière m’a vendue au Clan. C’est au camp que j’ai passé la majeure partie de ma vie, malheureusement, je me trouvais plus souvent dans le laboratoire que dans le gymnase. J’ai connu la souffrance à son paroxysme, tant physique que morale. L’humiliation, l’isolement, j’ai été forcée, souillée... Vous avez pitié ? Eux n’en ont pas eu pour moi. J’étais seule face à des semblables qui ne s’intéressaient pas à moi, à des humains qui me souillaient un peu plus chaque jour. Je ne sais comment, mais je sais pourquoi, un beau jour, comme un oiseau s’enfuit de sa cage, mon pouvoir a disparu. J’ai vécu plus seule que jamais à daté de ce jour, mais j’étais libre, je me suis affirmée. Je suis devenue plus forte, et j’aimais ça.


Pendant la seconde partie de ma vie, plus âgée, je pris peur d’être rejetée par le clan, seul famille qu’il me restait si je pouvais vraiment les appeler ainsi. Décidée à me rendre utile, je leur proposais mes services et fut assignée à plusieurs missions en tant qu’agent de liaison avant d’être admise parmi la section Infiltration. Ma première mission tourna au drame, et c’est ce terrible soir que naquit quelque chose de nouveau en moi. Un pouvoir artificiel, un monstre me rongeant l’esprit jusqu’à me faire perdre le sens commun, l’Hybris. Par sa faute j’ai tué, insulté, méprisé. Lorsque je suis prise de mauvais sentiments, ce démon me soumet à lui et me fait devenir une femme cruelle que je ne suis pas en règle générale. Il tue par plaisir, me fait faire tout ce qui est contraire à mon étique, et, je le sais, viendra à me tuer quand il en aura l’occasion.


Dernièrement, est arrivé quelque chose de surprenant. Au détour d’un couloir j’ai heurté accidentellement ce monstre de Kyuseong, un homme de ma section, capable de manipuler les ombres, et doté de la pire personnalité qui soit. Cet homme qui me répugne et me fascine est partit en m’insultant, mais ce qu’il ne sait pas (enfin, je le crois…) c’est que lors de cette altercation s’est produit un miracle. Au contact de sa peau, j’ai vu à travers lui. J’ai vu un enfant portant ses traits et la vie qu’il mena. J’ai retrouvé mon pouvoir…